Et si vos émotions avaient un goût ?

Apprendre à décoder ses envies alimentaires autrement

Il vous est déjà arrivé d’avoir une envie soudaine de chocolat alors que vous veniez de manger ? Ou de grignoter des biscuits sans vraiment comprendre pourquoi ? Ces comportements, souvent qualifiés à tort de “faiblesse” ou de “gourmandise”, cachent en réalité un phénomène bien plus intéressant : l’alimentation émotionnelle.

Mais aujourd’hui, j’ai envie de vous proposer une approche différente. Et si chaque goût, chaque saveur vers laquelle vous vous tournez avait un lien direct avec votre état émotionnel du moment ? Mieux encore : et si vos envies alimentaires pouvaient devenir un véritable outil de connaissance de soi ?

Le sucré : un besoin de douceur, pas forcément de sucre

Lorsqu’on parle d’alimentation émotionnelle, le sucré arrive souvent en tête de liste. Ce n’est pas un hasard. Le sucre déclenche dans le cerveau une libération de sérotonine, ce neurotransmetteur qui contribue à apaiser, rassurer et procurer une sensation de bien-être immédiat.

Ce que l’on cherche réellement à travers le sucré, ce n’est pas uniquement une énergie rapide : c’est du réconfort. Une forme de tendresse. Un retour symbolique à quelque chose de familier et sécurisant. Dans les moments de solitude, de fatigue nerveuse ou de stress affectif, ce besoin de douceur peut devenir très présent.

La prochaine fois que vous ressentez cette envie, essayez de vous poser une question simple : ai-je vraiment faim, ou ai-je besoin de réconfort ? Ce petit décalage de perception peut suffire à transformer votre rapport à la nourriture.

Astuce SevFit
– Préparez une boisson chaude douce en fin de journée (infusion cannelle ou rooibos vanille).
– Gardez dans vos placards une version saine et rassurante de douceur : dattes fourrées purée d’amande, carré de chocolat noir, ou yaourt végétal aux fruits rouges.
– Notez dans un carnet les situations où l’envie de sucré revient souvent : vous trouverez rapidement des schémas.

Le salé : envie de structure ou besoin de contrôle

Vous vous jetez sur un paquet de chips ou du fromage en rentrant d’une journée compliquée ? Le goût salé est souvent associé à un besoin d’ancrage, de solidité, voire de maîtrise. Il parle à notre système nerveux et à notre besoin d’équilibre minéral. Il nous ramène à la matière, à quelque chose de plus concret.

Certaines études montrent d’ailleurs que les personnes en carence de minéraux ou en période de fatigue chronique peuvent ressentir plus fréquemment ce type d’envie. Mais sur le plan émotionnel, le salé est souvent recherché lorsque l’on se sent débordé, dépassé, ou lorsque l’on tente de reprendre le contrôle dans un contexte instable.

Plutôt que de vous juger pour cette envie, posez-vous plutôt la question suivante : qu’est-ce qui me donne le sentiment de perdre pied en ce moment ? Ai-je besoin de reprendre les rênes d’un domaine de ma vie ?

Astuce SevFit
– Essayez un snack salé maison : pois chiches grillés au paprika, graines de courge toastées ou crackers au sarrasin.
– Buvez un bouillon minéralisant (eau chaude, miso, algues, curcuma).
 – Faites un “reset express” de 10 minutes : triez un tiroir, rangez vos mails ou votre sac. Réorganiser un petit espace aide souvent à remettre de l’ordre en soi.

L’acide : signal d’un besoin de renouveau

Le goût acide, que l’on retrouve dans les agrumes, le vinaigre ou certains légumes lactofermentés, est rarement recherché de manière compulsive. Pourtant, dans certaines périodes, il peut devenir une envie bien précise. L’acide éveille, nettoie, stimule.

Sur le plan émotionnel, il peut signaler un besoin de faire circuler quelque chose. Besoin de nouveauté, de remise en mouvement, de “secouer” un état de stagnation ou une situation qui semble tourner en rond.

Il n’est pas rare que ce goût apparaisse dans des périodes de transition, de flou, ou lorsque le corps cherche inconsciemment à éliminer. Dans ces moments, le réflexe peut être de faire le tri, de clarifier les choses, ou simplement de chercher à relancer une dynamique.

Astuce SevFit
– Intégrez une touche d’acidité naturelle dans vos repas : filet de citron sur vos légumes, pickles maison, vinaigre de cidre dans une vinaigrette.
– Faites une liste de “petits changements faciles” à mettre en place cette semaine (nouvel horaire, nouvelle recette, nouvel endroit pour marcher).
– Pratiquez une respiration active debout, bras ouverts, pour réactiver la circulation d’énergie.

L’amer : le goût de l’introspection

Souvent boudé, le goût amer mérite pourtant toute notre attention. On le retrouve dans le chocolat noir, le café, certaines plantes médicinales ou légumes comme les endives ou le pamplemousse. Il ne flatte pas les papilles immédiatement, mais il peut révéler une envie de dépouillement, de retour à l’essentiel.

L’amertume, c’est ce qui gratte un peu, ce qui pique là où ça dérange. C’est une invitation à ralentir, à regarder ce qui coince, ce qui mérite d’être évacué. Lorsqu’on se tourne spontanément vers ce type de saveurs, cela peut traduire un besoin d’introspection, voire de purification symbolique.

Il est intéressant de noter que l’amer est aussi utilisé en phytothérapie pour stimuler la digestion. C’est peut-être ce que cherche aussi l’esprit : une meilleure digestion émotionnelle.

Astuce SevFit
– Ajoutez de la chicorée ou de la poudre de cacao cru à vos boissons du matin.
– Si vous aimez les tisanes, essayez celles à base de pissenlit, romarin ou artichaut pour accompagner une période de transition.
– Prenez 10 minutes pour écrire ce que vous avez envie de laisser partir. Le mettre sur papier soulage plus que ce qu’on croit.

L’épicé : réveiller un système endormi

Certaines personnes recherchent l’épicé pour le plaisir gustatif, mais chez d’autres, c’est une vraie obsession ponctuelle. Le piquant, au-delà de son effet immédiat, stimule la circulation, la chaleur interne et provoque un petit stress physique qui libère des endorphines.

Dans un contexte émotionnel, le piquant peut apparaître lorsqu’on cherche à sortir d’un état de torpeur, de frustration ou d’ennui. C’est une manière de créer une réaction, de se sentir vivant, de réveiller quelque chose qui dort.

Ce type d’envie peut donc être interprété comme un besoin de renouveau, de sensation, d’action. Il peut être intéressant de s’interroger alors : qu’est-ce qui me manque d’intensité dans ma vie actuellement ? Où ai-je besoin de remettre de l’élan ?

Astuce SevFit
– Redonnez du “peps” à vos plats avec gingembre, curcuma ou un curry doux si vous ne tolérez pas le fort.
– Essayez une activité inhabituelle pendant 20 minutes : marcher dans un quartier différent, cuisiner un plat étranger, écouter une musique qui vous surprend.
– Bougez, même 5 minutes. Un réveil musculaire suffit parfois à relancer la motivation.

Et la texture dans tout ça ?

Les saveurs ne sont pas les seules à porter un message. La texture des aliments est également révélatrice. Elle fait appel à des ressentis plus primitifs, mais tout aussi riches d’enseignements.

• Le croquant ou le croustillant peuvent exprimer un besoin de libérer une tension, parfois une colère contenue.
• Le fondant ou le moelleux évoquent la recherche de réconfort, de tendresse ou d’abandon.
• Le liquide peut symboliser un besoin de fluidité, de circulation, de lâcher-prise.

Astuce SevFit
– Si vous avez besoin de croquant : optez pour des bâtonnets de légumes, des noisettes toastées, ou des galettes de riz complet.
– Envie de fondant ? Préparez une crème de banane mixée avec un peu de purée de noix ou un porridge chaud bien onctueux.
– Besoin de liquide ? Testez une soupe légère ou une infusion drainante entre les repas.

Mieux comprendre pour mieux choisir

La finalité de cet article n’est pas de vous convaincre de supprimer toutes vos envies, ni de les diaboliser. Il s’agit plutôt de vous inviter à les observer différemment.

Ces envies sont des indicateurs. Des messagers. En comprenant ce qu’elles cherchent à vous dire, vous vous donnez la possibilité de répondre autrement à votre besoin profond : parfois en mangeant en pleine conscience, parfois autrement, mais toujours avec plus de lucidité.

L’alimentation émotionnelle n’est ni une faute ni un échec. C’est un langage que notre corps utilise pour attirer notre attention sur un besoin plus profond.

Et si, la prochaine fois que vous ouvriez un placard, vous vous demandiez : qu’est-ce que j’ai vraiment besoin de digérer aujourd’hui ?